Partie 15 : "Santé ! de l'argent ! Amour ! Et autres prières".
Si je ne sais toujours pas pourquoi des grains de poivre ont été placés dans la momie du pharaon Ramsès II, je peux désormais expliquer pourquoi Daniel n'a pas éternué après avoir sniffé du poivre.
Dans la plupart des cas, l'éternuement est déclenché par une irritation des muqueuses nasales (une autre cause peut être une lumière très vive). L'air est inspiré, brièvement retenu, puis, lorsque les muscles expiratoires de l'abdomen et de la poitrine se contractent, l'air est expulsé à une vitesse pouvant atteindre 160 km/heure. Il ne s'agit pas, à proprement parler, d'un véritable réflexe, car l'éternuement peut aussi être supprimé.
En éternuant, le nez se débarrasse des sécrétions ainsi que des poussières et autres corps étrangers. Outre ces faits physiologiques, ce sont surtout les aspects culturels de l'éternuement qui me semblent intéressants. Dans de nombreuses cultures, l'éternuement déclenche une réaction plus ou moins rituelle et plus ou moins magique. En Suisse, nous souhaitons "Gesundheit", "Santé" ou "Salute"... le "Viva" des Grisons me semble un peu mystérieux. Dans les pays anglophones, on prononce même une bénédiction avec "bless you !
En Espagne, on craint que l'âme ne soit expulsée du corps en éternuant et on appelle donc "Jesús" à la rescousse. Au Portugal, on invoque tous les saints avec "Santinhas".
En Amérique latine, lorsqu'une personne éternue plusieurs fois, il y a toute une séquence de bons vœux : "Salud" la première fois, "dinero" la deuxième et "amor" la troisième.
En Turquie, on se souhaite mutuellement longue vie.
Dans les pays islamiques, une sorte de prière a lieu entre l'éternueur et les personnes présentes.
En Asie de l'Est, il existe une croyance selon laquelle, au moment de l'éternuement, on parle de l'éternueur ou on pense à lui dans un autre endroit.
De temps en temps, on attend aussi de l'éternueur qu'il s'excuse (je suppose qu'il crache des sécrétions et de la poussière dans l'air des personnes présentes à 160 km/h).
Je ne sais pas combien de poivre Daniel s'était planté dans le nez, mais la description de ses symptômes laisse supposer une quantité considérable, la capsaïcine a dû surexciter les muqueuses à tel point que le réflexe d'éternuer ne fonctionnait plus.